Comment avez-vous découvert Gérard de Villiers et ses SAS?
J’ai lu mon premier SAS lorsque je faisais mon service militaire en tant qu’élève de l’ENA à l’école d’officiers de Coëtquidan. J’étais tombé malade et une infirmière m’en avait amené un exemplaire. Je n’en avais jamais lu avant. J’étais assez fan à l’époque de OSS 117 créé par Jean Bruce et là je découvrais un auteur extrêmement réactionnaire, trop violent à mon goût (y compris dans les scènes de sexe) mais très proche de l’actualité politique internationale.
Ce qui fait que vous avez continué à le lire…
Oui, même si je ne lisais pas tous ses romans lorsqu’ils sortaient. En fait je trouvais curieux qu’on ne s’intéresse pas davantage à ce qu’il décrivait dans ses SAS. D’autant qu’il avait fini par se recentrer un peu. Je me souviens notamment d’un SAS qui se passait au Chili et où Gérard de Villiers décrivait l’univers monstrueux de la dictature de Pinochet avec la torture.
Et donc un jour, vous avez fini par le rencontrer?
Oui, j’étais devenu ministre des affaires étrangères, je lisais de temps un temps un SAS dans l’avion, je savais qu’il avait ses sources dans les services de renseignement français et étrangers et j’étais informé de ce que nos services lui disaient. Mais je voulais comprendre sa méthode de travail, comment il parvenait à maintenir ce style de grand reporter à l’ancienne qui essayait de faire comprendre sans juger, un peu à l’inverse de ce qui fait aujourd’hui.. . Je l’ai donc invité à déjeuner au Quai d’Orsay. Il était enchanté qu’un ministre s’intéresse à lui alors que tant d’autres le lisaient en cachette. Il est venu avec un exemplaire dédicacé. Il m’est apparu comme un type pince-sans-rire, extrêmement intéressant avec un œil et un flair incroyable. Je me souvenais qu’il avait raconté un projet d’attentat contre Sadate en Egypte plus de six mois avant que le président égyptien ne soit assassiné.
Vous l’avez également revu l’été dernier…
Il revenait de Libye et s’apprêtait à partir en Afghanistan. Le New York Times avait publié en janvier un grand article sur lui, écrit par un ancien correspondant au Proche-Orient bluffé par son savoir, et France 2 voulait nous interviewer tous les deux. Je ne savais pas qu’il était très malade et il marchait avec un déambulateur. Il m’avait dit que c’était plus facile de circuler avec à Tripoli qu’à Paris!
En fait, il n’a jamais cessé de vous intriguer?
Oui parce qu’il était visionnaire en quelque sorte. Après avoir été un auteur de roman d’espionnage de la guerre froide, il s’était reconverti très tôt sur la menace du terrorisme islamique. Il avait été le premier à raconter des choses très précises sur le trafic de drogue qui partait de Colombie et qui, faute de pouvoir passer par les Etats-Unis, traversait l’Atlantique pour parvenir dans des pays comme la Guinée et remonter vers le Nord en passant par le Sahel en alimentant les groupes djihadistes. Là encore, c’était plusieurs années avant l’intervention française au Mali.
Vous connaissiez ses contacts au sein du réseau diplomatique français?
Je savais qu’il avait ses amis à la DGSE mais personne au Quai à Paris ne le connaissait. En revanche certains de nos ambassadeurs le voyaient. Vous noterez d’ailleurs que dans ses livres il a plutôt bien compris la complexité du métier de diplomate. Même s’il décrit plus souvent la façon dont fonctionnent les ambassades américaines, il a bien saisi la mécanique dans laquelle on travaille avec nos questions éthiques, nos cas de conscience. C’est ce qui le rapproche des grands romans d’espionnage à la John Le Carré. Dans l’un de ses derniers SAS que j’ai lu, il avait joint en annexe à la fin du livre l’article flatteur que le New York Times lui avait consacré, lui le soi-disant écrivain de romans de gare, et je crois qu’il l’avait vécu comme une consécration, que c’était la plus belle des décorations.
Comment avez-vous découvert Gérard de Villiers et ses SAS?
J’ai lu mon premier SAS lorsque je faisais mon service militaire en tant qu’élève de l’ENA à l’école d’officiers de Coëtquidan. J’étais tombé malade et une infirmière m’en avait amené un exemplaire. Je n’en avais jamais lu avant. J’étais assez fan à l’époque de OSS 117 créé par Jean Bruce et là je découvrais un auteur extrêmement réactionnaire, trop violent à mon goût (y compris dans les scènes de sexe) mais très proche de l’actualité politique internationale.
Ce qui fait que vous avez continué à le lire…
Oui, même si je ne lisais pas tous ses romans lorsqu’ils sortaient. En fait je trouvais curieux qu’on ne s’intéresse pas davantage à ce qu’il décrivait dans ses SAS. D’autant qu’il avait fini par se recentrer un peu. Je me souviens notamment d’un SAS qui se passait au Chili et où Gérard de Villiers décrivait l’univers monstrueux de la dictature de Pinochet avec la torture.
Et donc un jour, vous avez fini par le rencontrer?
Oui, j’étais devenu ministre des affaires étrangères, je lisais de temps un temps un SAS dans l’avion, je savais qu’il avait ses sources dans les services de renseignement français et étrangers et j’étais informé de ce que nos services lui disaient. Mais je voulais comprendre sa méthode de travail, comment il parvenait à maintenir ce style de grand reporter à l’ancienne qui essayait de faire comprendre sans juger, un peu à l’inverse de ce qui fait aujourd’hui.. . Je l’ai donc invité à déjeuner au Quai d’Orsay. Il était enchanté qu’un ministre s’intéresse à lui alors que tant d’autres le lisaient en cachette. Il est venu avec un exemplaire dédicacé. Il m’est apparu comme un type pince-sans-rire, extrêmement intéressant avec un œil et un flair incroyable. Je me souvenais qu’il avait raconté un projet d’attentat contre Sadate en Egypte plus de six mois avant que le président égyptien ne soit assassiné.
Vous l’avez également revu l’été dernier…
Il revenait de Libye et s’apprêtait à partir en Afghanistan. Le New York Times avait publié en janvier un grand article sur lui, écrit par un ancien correspondant au Proche-Orient bluffé par son savoir, et France 2 voulait nous interviewer tous les deux. Je ne savais pas qu’il était très malade et il marchait avec un déambulateur. Il m’avait dit que c’était plus facile de circuler avec à Tripoli qu’à Paris!
En fait, il n’a jamais cessé de vous intriguer?
Oui parce qu’il était visionnaire en quelque sorte. Après avoir été un auteur de roman d’espionnage de la guerre froide, il s’était reconverti très tôt sur la menace du terrorisme islamique. Il avait été le premier à raconter des choses très précises sur le trafic de drogue qui partait de Colombie et qui, faute de pouvoir passer par les Etats-Unis, traversait l’Atlantique pour parvenir dans des pays comme la Guinée et remonter vers le Nord en passant par le Sahel en alimentant les groupes djihadistes. Là encore, c’était plusieurs années avant l’intervention française au Mali.
Vous connaissiez ses contacts au sein du réseau diplomatique français?
Je savais qu’il avait ses amis à la DGSE mais personne au Quai à Paris ne le connaissait. En revanche certains de nos ambassadeurs le voyaient. Vous noterez d’ailleurs que dans ses livres il a plutôt bien compris la complexité du métier de diplomate. Même s’il décrit plus souvent la façon dont fonctionnent les ambassades américaines, il a bien saisi la mécanique dans laquelle on travaille avec nos questions éthiques, nos cas de conscience. C’est ce qui le rapproche des grands romans d’espionnage à la John Le Carré. Dans l’un de ses derniers SAS que j’ai lu, il avait joint en annexe à la fin du livre l’article flatteur que le New York Times lui avait consacré, lui le soi-disant écrivain de romans de gare, et je crois qu’il l’avait vécu comme une consécration, que c’était la plus belle des décorations.