L’Europe doit-elle disparaître? Cette proposition n’a de sens que pour ceux qui pensent que la construction européenne a été une erreur imposée aux peuples, que l’Union européenne est une superstructure artificielle, superflue et illégitime et que institutions communautaires – Commission, Parlement européen, Cour de Justice – confisquent abusivement et inutilement la souveraineté des États-nations. Et qu’il faut revenir en Europe à une trentaine d’États-nations presque sans lien entre eux autres que commerciaux. Qui défend cette thèse extrême? Très très peu d’européens, même dans les partis les plus extrémistes ou les plus populistes. On n’en trouve pas trace non plus dans les sondages même quand ils mesurent régulièrement un taux élevé de morosité, ou d’euroscepticisme (à condition de ne pas donner à ce mot le sens de euro-hostilité). Les européens sont devenus assez largement sceptiques, mais pas hostiles.
Mais en pleine crise grecque et de la zone euro, on peut aussi se demander: l’Europe va-t-elle disparaître? Là aussi la réponse est non: les liens entre européens sont trop forts, même s’ils restent des peuples très différents, pour que l’idée d’Europe, évidence géographique aux frontières floues, vieille utopie mobilisatrice, et solide construction juridico-politique, soit abandonnée au profit d’une incertitude complète et d’une régression chaotique. Quoique que l’on puisse dire ces temps-ci, la grave crise actuelle met à l’épreuve les mécanismes de décision et de solidarité, pas le principe même d’Union européenne.
Alors, aucun risque? Bien sûr que non, l’Europe telle qu’elle, a été façonnée par les élites européistes depuis des décennies, est beaucoup trop éloignée des attentes des populations. L’incertitude sur les limites finales de l’Europe (qui ne va pourtant pas s’élargir sans fin!), comme le chantier institutionnel permanent sont anxiogènes. Les européens ne sont pas à l’aise, ni d’accord entre eux, avec la notion très française «d’Europe puissance», et pourtant, si elle ne devient pas une puissance, elle sera dépendante des autres dans la grande «mêlée mondiale» Le statu quo n’est pas satisfaisant. Mais le saut en avant que les fédéralistes réclament à chaque occasion ne tient aucun compte des populations. Ils rêvent à une démocratie européenne post-nationale, hors sol, vouée à l’échec, et d’ailleurs inratifiable.
L’Europe ne doit, ni ne va, disparaître. Mais cette fédération d’États-nations doit absolument changer en profondeur, muer, pour s’imposer comme un pôle du monde multipolaire sans briser le fils avec les démocraties nationales.
L’Europe doit-elle disparaître? Cette proposition n’a de sens que pour ceux qui pensent que la construction européenne a été une erreur imposée aux peuples, que l’Union européenne est une superstructure artificielle, superflue et illégitime et que institutions communautaires – Commission, Parlement européen, Cour de Justice – confisquent abusivement et inutilement la souveraineté des États-nations. Et qu’il faut revenir en Europe à une trentaine d’États-nations presque sans lien entre eux autres que commerciaux. Qui défend cette thèse extrême? Très très peu d’européens, même dans les partis les plus extrémistes ou les plus populistes. On n’en trouve pas trace non plus dans les sondages même quand ils mesurent régulièrement un taux élevé de morosité, ou d’euroscepticisme (à condition de ne pas donner à ce mot le sens de euro-hostilité). Les européens sont devenus assez largement sceptiques, mais pas hostiles.
Mais en pleine crise grecque et de la zone euro, on peut aussi se demander: l’Europe va-t-elle disparaître? Là aussi la réponse est non: les liens entre européens sont trop forts, même s’ils restent des peuples très différents, pour que l’idée d’Europe, évidence géographique aux frontières floues, vieille utopie mobilisatrice, et solide construction juridico-politique, soit abandonnée au profit d’une incertitude complète et d’une régression chaotique. Quoique que l’on puisse dire ces temps-ci, la grave crise actuelle met à l’épreuve les mécanismes de décision et de solidarité, pas le principe même d’Union européenne.
Alors, aucun risque? Bien sûr que non, l’Europe telle qu’elle, a été façonnée par les élites européistes depuis des décennies, est beaucoup trop éloignée des attentes des populations. L’incertitude sur les limites finales de l’Europe (qui ne va pourtant pas s’élargir sans fin!), comme le chantier institutionnel permanent sont anxiogènes. Les européens ne sont pas à l’aise, ni d’accord entre eux, avec la notion très française «d’Europe puissance», et pourtant, si elle ne devient pas une puissance, elle sera dépendante des autres dans la grande «mêlée mondiale» Le statu quo n’est pas satisfaisant. Mais le saut en avant que les fédéralistes réclament à chaque occasion ne tient aucun compte des populations. Ils rêvent à une démocratie européenne post-nationale, hors sol, vouée à l’échec, et d’ailleurs inratifiable.
L’Europe ne doit, ni ne va, disparaître. Mais cette fédération d’États-nations doit absolument changer en profondeur, muer, pour s’imposer comme un pôle du monde multipolaire sans briser le fils avec les démocraties nationales.