1. La gouvernance de Sharon était une gouvernance à la fois musclée et tenant compte, avec une habileté manœuvrière reconnue, des spécificités politiques israéliennes. Son autorité d’ancien général et de leader politique nationaliste était aussi grande que le permet un tel régime parlementaire.
2. Ce qu’il faut retenir de son parcours, c’est surtout le dernier Sharon. Du général de 1973 au premier ministre d’après 2001 qui quitte le Likoud pour fonder Kadima parce qu’il a besoin d’un instrument politique pour régler la question palestinienne et que c’est impossible avec le Likoud, du concepteur de l’intervention au Liban à celui du retrait de Gaza, son évolution est extraordinaire.
Sans oublier entretemps le ministre ultranationaliste et ultraconservateur, ni le leader de l’opposition provocateur sur l’esplanade des mosquées.
3. Sa plus grande réussite: avoir quitté le Likoud et fondé Kadima. Une demi-réussite: avoir quitté Gaza. Un demi-échec: l’avoir fait dans des conditions qui ont conduit à l’impasse. Un échec = ne pas avoir réglé la question palestinienne, et donc pas donné une insertion définitive à Israël au Proche-Orient.
Il me semble que sans l’AVC qui l’a frappé, il s’y serait résolu, et y serait parvenu, même sans avoir développé une vision aussi stratégique et clairvoyante qu’Yitzhak Rabin. Il me semble que c’est ce qu’il voulait faire même s’il restait obsessionnellement bloqué sur Arafat, contrairement à Y. Rabin.
Rabin assassiné, Sharon foudroyé, deux chances précieuses perdues pour la paix, jamais retrouvées depuis…
4. Il ne me semble pas qu’il y ait des successeurs aujourd’hui. Ni chez les militaires, ni chez les politiques, ni à droite, ni ailleurs sur l’échiquier politique. Pas plus qu’Y. Rabin n’en a. C’est un des éléments du blocage politique israélien, qui résulte aussi du système électoral.
5. Je ne pense pas qu’il ait eu spécialement un rôle important dans le développement des relations entre la France et Israël. Je crois qu’il voyait la France comme un pays systématiquement critique, en tout cas sa diplomatie. C’était faux depuis bien longtemps mais c’était une vue encore très répandue en Israël.
Les fois où j’ai pu parler avec lui longuement, il commençait par me dire «alors, en France, on me prend toujours pour un fasciste?». Je lui disait «non, pas du tout, mais nous sommes choqués de certaines choses et nous avons nos propres idées sur le processus de paix». Et on parlait.
Il était direct, franc du collier, on sentait son énergie. Il évoquait à chaque fois sa ferme, les repas pris avec les ouvriers palestiniens. Il écoutait aussi, vraiment, en prenant des notes dans un cahier, et répondait point par point.
Il prenait en compte l’influence diplomatique française dans le monde, et en Europe, mais ne s’intéressait pas spécialement à la relation bilatérale. En tout cas dans mon souvenir.
1. La gouvernance de Sharon était une gouvernance à la fois musclée et tenant compte, avec une habileté manœuvrière reconnue, des spécificités politiques israéliennes. Son autorité d’ancien général et de leader politique nationaliste était aussi grande que le permet un tel régime parlementaire.
2. Ce qu’il faut retenir de son parcours, c’est surtout le dernier Sharon. Du général de 1973 au premier ministre d’après 2001 qui quitte le Likoud pour fonder Kadima parce qu’il a besoin d’un instrument politique pour régler la question palestinienne et que c’est impossible avec le Likoud, du concepteur de l’intervention au Liban à celui du retrait de Gaza, son évolution est extraordinaire.
Sans oublier entretemps le ministre ultranationaliste et ultraconservateur, ni le leader de l’opposition provocateur sur l’esplanade des mosquées.
3. Sa plus grande réussite: avoir quitté le Likoud et fondé Kadima. Une demi-réussite: avoir quitté Gaza. Un demi-échec: l’avoir fait dans des conditions qui ont conduit à l’impasse. Un échec = ne pas avoir réglé la question palestinienne, et donc pas donné une insertion définitive à Israël au Proche-Orient.
Il me semble que sans l’AVC qui l’a frappé, il s’y serait résolu, et y serait parvenu, même sans avoir développé une vision aussi stratégique et clairvoyante qu’Yitzhak Rabin. Il me semble que c’est ce qu’il voulait faire même s’il restait obsessionnellement bloqué sur Arafat, contrairement à Y. Rabin.
Rabin assassiné, Sharon foudroyé, deux chances précieuses perdues pour la paix, jamais retrouvées depuis…
4. Il ne me semble pas qu’il y ait des successeurs aujourd’hui. Ni chez les militaires, ni chez les politiques, ni à droite, ni ailleurs sur l’échiquier politique. Pas plus qu’Y. Rabin n’en a. C’est un des éléments du blocage politique israélien, qui résulte aussi du système électoral.
5. Je ne pense pas qu’il ait eu spécialement un rôle important dans le développement des relations entre la France et Israël. Je crois qu’il voyait la France comme un pays systématiquement critique, en tout cas sa diplomatie. C’était faux depuis bien longtemps mais c’était une vue encore très répandue en Israël.
Les fois où j’ai pu parler avec lui longuement, il commençait par me dire «alors, en France, on me prend toujours pour un fasciste?». Je lui disait «non, pas du tout, mais nous sommes choqués de certaines choses et nous avons nos propres idées sur le processus de paix». Et on parlait.
Il était direct, franc du collier, on sentait son énergie. Il évoquait à chaque fois sa ferme, les repas pris avec les ouvriers palestiniens. Il écoutait aussi, vraiment, en prenant des notes dans un cahier, et répondait point par point.
Il prenait en compte l’influence diplomatique française dans le monde, et en Europe, mais ne s’intéressait pas spécialement à la relation bilatérale. En tout cas dans mon souvenir.